En direct de Washington par Jean-Christo En direct de Washington par Jean-Christophe Debar
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Les idées dorment, puis un jour on les réveille parce qu’elles deviennent utiles, créent un nouveau cadre de pensée, peuvent servir à franchir une étape décisive. C’est ce processus, maintes fois observé dans différents domaines, qui touche aujourd’hui le concept de paiement pour services environnementaux (PSE) appliqué à l’agriculture. L’idée de PSE n’est certes pas récente, mais elle émerge quasi simultanément aux États-Unis et en Europe pour les mêmes raisons : des exigences sociétales accrues en matière de lutte contre le changement climatique et de protection de l’environnement, et une recherche de sources de revenu alternatives pour les agriculteurs, compte tenu de la concurrence de plus en plus vive sur les marchés de produits agricoles. Ironiquement, c’est outre-Atlantique, malgré le retrait des États-Unis de l’accord de Paris et les coups de rabot donnés par le président Trump dans les réglementations environnementales, que la mobilisation des filières agroalimentaires en faveur de la création d’un véritable marché des services agroécologiques est la plus forte.
Tel est précisément l’objectif de l’Ecosystem services market consortium (ESMC), créé il y a un an par des organisations et de grandes entreprises du secteur agricole. Selon une étude commandée par l’ESMC, la valeur de la demande en crédits environnementaux susceptibles d’être générés par les agriculteurs américains avoisine 13,9 milliards de dollars (Mds$). Ce montant comprend 5,2 Mds$ pour les crédits carbone issus d’un changement des pratiques culturales, destinés à compenser les émissions de gaz à effet de serre, et 8,7 Mds$ pour les crédits relatifs à l’amélioration de la qualité de l’eau, grâce à une réduction des rejets d’azote et de phosphore liée à de moindres apports de fertilisants. Ces chiffres n’ont qu’une valeur indicative, car les prix auxquels les crédits pourraient être vendus aux entreprises varient beaucoup. Ils sont néanmoins très instructifs : 13,9 Mds$, c’est le montant des aides directes reçues par les farmers en 2018.
L’enjeu est donc loin d’être négligeable. D’autant plus qu’outre ces alléchantes perspectives de marché, qui pourraient se concrétiser à l’horizon 2022 selon l’ESMC, une pression croissante s’exerce à Washington, comme à Bruxelles et à Londres, pour transformer en PSE une partie des aides directes consacrées à soutenir le revenu agricole.
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